à la lumière des publications récentes
et plus anciennes
A la librairie Publico, 145, rue Amelot, Paris, 11°
Simon Petlioura est né à Poltava en 1879, le 10 mai
de l’ancien calendrier, le 22 du nouveau.
Journaliste, ses pseudonymes ont notamment été V. Martchenko, S. Tagon, V. Salevsky, I. Rokytyn, S. Prosvityanyn, O. Ryast.
Il fut militant, homme
politique, homme d’état, ministre, chef des armées, président du Directoire, président
en exil, martyre, symbole de la cause oukraïnienne.
Il est mort assassiné à Paris, le 25 mai 1926.
Dès sa fondation en
1900, Simon Petlioura devient membre du Parti Révolutionnaire Oukraïnien (Parti
social-démocrate ouvrier oukraïnien à partir de 1905), ce qui après les
révoltes paysannes de 1902, l’oblige à fuir en Oukraïne occidentale, territoire
de l’empire austro-hongrois. Journaliste, il collabore avec le Literatourno-naoukovy
Visnyk (Lviv), Dobra Novyna (Lviv), Selyanyn (Lviv), après l’amnistie de 1905
il revient dans l’empire russe, écrit pour le journal social-démocrate Vilna
Oukraïna (St. Petersbourg), Rada (Kyïv), et l’organe officiel du Parti social-démocrate
Slovo (Kyïv) et son mensuel Oukraïna. En 1909 il s’installe à Moscou, se marie
et travaille en tant que comptable jusqu’en 1912. De 1912 à 1917, Simon
Petlioura est rédacteur en chef du journal oukraïnien en langue russe paraissant
à Saint Petersbourg : Oukraïnskaïa Jyzn. De 1916 à 1917 il est le responsable de
l’Union pan-russe des Zemstvo sur le front de l’ouest. Il est élu chef du
Comité militaire oukraïnien du front occidental après la Révolution de février
<1917>. Elu président du Comité militaire oukraïnien général au premier
Congrès militaire pan-oukraïnien. Lors de la formation du Secrétariat général
de la Rada centrale (appelé à devenir le gouvernement oukraïnien), il est élu
Secrétaire générale des affaires militaires. Poste dont il démissionne étant en
désaccord avec la politique antimilitariste du gouvernement. Il s’occupe alors à
la création du Bataillon de Haïdamaks de l’Oukraïne slobidska, formation
militaire dont il prendra la tête et qui jouera un rôle décisif dans la libération
de la capitale en janvier-février 1918 et saura mettre fin à la tentative de
coup d’état bolchevik (Arsenal).
Une fois le
gouvernement républicain renversé, Petlioura est arrêté et incarcéré pendant
quatre mois dans la même cellule que Moïse Rafès, son futur ministre des
affaires juives, et, à l’époque, un dirigeant du Bund (Parti social-démocrate
juif). Libéré, réfugié à Bila Tserkva, il rejoindra le soulèvement contre la
monarchie du Hetman Skoropadsky. Elu membre du Directoire de la République
Démocratique d’Oukraïne, nommé Chef suprême de l’Armée de la République
Démocratique d’Oukraïne. Après la démission de Volodymyr Vynnytchenko (reparti
poursuivre sa carrière littéraire en France), Simon Petlioura devient le 11
février 1919 président du Directoire. Assumant les responsabilités suprêmes, il suspend son adhésion au Parti social-démocrate ouvrier d’Oukraïne.
De ce jour, il est
responsable de tout ce qui se passe sur le territoire auquel la République
prétend.
<carte des
prétentions oukraïniennes à la conférence de la paix, 1919>
Jusqu’à son exil.
Après la défaite contre les bolcheviks.
En 1923 la Pologne
n’est plus sûre, cette année le chef du gouvernement oukraïnien en exil a
échappé à deux tentatives d’attentats ; en 1924 il s’installe dans un
petit hôtel du Quartier latin, à l'angle de la rue Thénard.
Le 25 mai 1926, après
avoir déjeuné seul au Bouillon Chartier de la rue Racine, le trop crédule
francophile Simon Petlioura s’arrête pour regarder les bacs de livres de la librairie
Joseph Gibert lorsqu’une voix l’interpelle : « Pan
Petlioura ? »
La huitième balle
restera coincée dans le canon du pistolet Melior, acheté peu de temps
auparavant par le meurtrier, piètre soldat, mauvais poète, faux vengeur.
Quant au contexte, en
se limitant au contexte français, il comprend la fausse reconnaissance
diplomatique de la République Démocratique d’Oukraïne par la République
française, la réquisition illégale de la flotte de la Mer Noire oukraïnienne,
la révolte des marins français bolchevisés, la longue histoire des trahisons
françaises, mais aussi le contexte du Paris de l’époque, depuis le remboursement
tant attendu de l’emprunt russe et y afférente Affaire Raffalovitch jusqu’à la
programmation de la saison 1926/1927 au théâtre de l’Odéon et aux 5.000 francs
mensuels que touche Henri Barbusse de l’Ambassade soviétique.
Le contexte est aussi,
surtout, la gestation de ce qui bientôt deviendra le négationnisme français.
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